En Afrique je m’initie à la technique du batik. Au Brésil je pratique l’aquarelle sur textile, je poursuis cette technique en France et crée sur commande. Puis, je découvre les oeuvres de Nicolas de Staël au musée Picasso d’Antibes c’est une révélation….voire une révolution qui s’opère en moi. L’aquarelle passe au second plan.

Pendant trois ans, inspirée par les paysages hauts-alpins je crée des tableaux paysagers aux couleurs acryliques vives qui, peu à peu, tendent vers l’abstraction.

Je teste aussi différents supports : le carton, le bois, l’isorel.

A Roussillon, les ateliers de pierre reconstituée (pigments et chaux) me donnent l’impulsion pour créer des fonds texturés sur toile à base de blanc de Meudon. Je crée dans l’épaisseur, mon geste devient plus fougueux, les touches plus chargées en matière.

Au gré de mes expérimentations, je vais enfin oser la peinture à l’huile, découvrir sa sensualité et sa force, au couteau principalement.

Inspirées de la maîtrise et la grande liberté de deux artistes chinois, Chu Teh-Chun et Zao Wou-Ki, vont naître en 2017 des séries boréales et cosmiques puis de grands formats sur toiles libres peints à même le sol, comme un besoin d’espace pour mixer toutes ces techniques afin de jouer plus librement avec la transparence et l’opacité.

A présent l’encre de Chine et la plume s’en mêlent venant donner force à des espaces immaculés ceints de couleurs acidulées. Je laisse ainsi la place à un geste presque calligraphique qui donne naissance à de la semi-figuration. Une nouvelle page s’ouvre, j’aspire à plus de légèreté et en fait, moins de bavardages dans mes compositions.

De peindre au sol comme un enfant, et « lâcher mes coups », faire éclabousser les pigments, donner des amplitudes à mes mouvements, utiliser des rouleaux, mes couteaux et mes larges brosses. Ce fût presque un défi sportif, grands inspirs, grands expirs et rapidité d’exécution nécessaire pour jouer avec les transparences.

Et puis ensuite...

J’ai eu besoin de m’installer à ma table et plus minutieusement d’appliquer mes couleurs en dilution sur un support étroit. Rester au plus près de mon univers intérieur soudain rétréci.

Mes contrastes intérieurs, dans leurs oscillations forment ma sensation de densité. Celle-ci exprimée par des gestuelles différentes sur des formats opposés m’a permis de me réunifiée dans une période de vie où c’était absolument nécessaire.